Le phare alchimiste de Charlie Hebdo

Rêves de liberté

Charlie Hebdo était la sentinelle de l’humour, un phare qui louvoyait pour poursuivre la quête de protéger les murs de cette fondation, en faisant front. Ses caricatures se protégeaient en faisant reconnaître qu’on ne reconnaissait pas l’humour d’enfant tantôt, l’imagé attenant à un mythe où n’y figurait pas la confrontation réelle à ce-dit mythe tantôt, et c’était là leur point d’orgue.

Le principe élémentaire de liberté d’expression est sensé selon moi ne pas concerner les expressions qui vont à l’encontre de leur propre principe, c’est-à-dire la manipulation, et les failles transmissibles, tel l’esprit réfractaire. Une trop grande pression dans ces domaines mène naturellement à un besoin soit de ne pas apprécier la diffusion, soit de réprimander, soit d’étiqueter, soit d’interdire. D’autant que certains artistes font exprès de se maintenir entre deux eaux afin d’être victimisé et d’être traités en victimes innocentes. C’est le cas de Guillon, Dieudonné, ce n’est pas souvent le cas de Charlie Hebdo, Desproges. Il ne faut pas confondre appui des clichés sans faire avancer le débat, et étude des causes, ou juste situation stressante.

De la même façon, il y a impossibilité à juger un humour sur simple présence d’élément concret. L’humour peut faire apparaître une problématique qui explique un contraire. Et il serait réducteur d’accepter la limitation de la vox populi au premier degré. Il n’y a pas de limite à la simplification pour cause de présence de branches, de raccordements. Et ce n’est pas possible non plus de formaliser par simple algorithme la méthode pour juger l’humour. Ceci est affaire de personne, d’entendement, de CSA et comme un procès, il faut faire confiance à ceux qui se sont mis d’accord pour apprécier la scène incriminée.

 

L’infamie de protéger la tendresse par des voiles et les voiles par des voiles n’aboutira qu’à un monde de scaphandres qui ne verra pas diminuer le nombre de poursuites.

Ne passons pas à côté des choses simples, Charlie Hebdo comptait défendre les conduites imperfectibles et les tentatives provocatrices, maladroites ou infructueuses, de faire bouger les choses par l’extension du domaine de l’absence de lutte en créant une zone franche.

Continuons au moins ce combat en généralisant un bain bouillonnant de zone blanche et fructueuse de toutes ces passions de conduites imperfectibles fraîches qui perdront les combattants dans les pantoufles inamovibles de tiédeur, ayant consumé leurs feux (à l’intérieur) de honte de la découverte d’un champ actif de non-violence, de non inflammabilité, de non-irritant finalement, et de la barrière naturelle que recèle cette nature solide par son côté légèrement sauvage et indépendant.

Un champignon se propage dans les milieux propices sans validation par la synthèse génétique, sans reproduction, par simple contact. Une pomme, elle, au frais, sans geler, tient longtemps, et ne moisit pas à la rencontre d’une autre pomme moisie.

Print | posted on Tuesday, September 11, 2018 12:26 PM

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